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Boulogne sur mer : une ville ben ordinaire. Vie politique judiciaire et anecdotique
25 février 2011

Mentalot le lérot et le chien à la patte cassée

La patte cassée

Ce samedi soir là Mentalot le lérot, presque joli dans son costume gris, peignait sa queue afin de se rendre beau, quand le téléphone sonna.

Un peu surpris Mentalot le lérot sursauta, cassa deux dents du peigne et s'arracha deux poils de la queue. Mentalot contempla le désastre, versa une larme sur ses poils et décrocha.

"Un chien court sur l'autoroute, va le chercher "

Pfou, ma soirée est foutue, grommelait Mentalot en chaussant ses bottes, sa veste orange, un chien ça court vite et longtemps, dés fois ça mord, je déteste les chiens, surtout le samedi soir...

Sur le toit de sa camionnette un gros chat dormait, Mentalot tapa un coup sec sur la carrosserie .

Clignote, ordonna Mentalot , on est pressé !

Tu es pressé, corrigea le chat, et l'heure syndicale est passée.

Et celle de la fourrière pourrait arriver.

Résigné le chat s'installa sur un petit carré prévu à cet effet et se mit à clignoter fermant, ouvrant ses grands yeux dans le noir.

Cinq minutes plus tard Mentalot était arrivé sur l'autoroute, dans le fossé juste à l'entrée un chien marron, était couché.

Voyant arriver le lérot son lasso d'acier à la main, le chien se leva, fit trois pas et mine de fuir et retomba.

- Ce chien a la patte cassée, observa le chat.

- Une grosse contusion tout au plus.

- Donc tu ne comptes pas l'emmener chez le véto ?

- Un samedi soir, pour payer tarif double, tu plaisantes ?

- Qu'est ce que tu me chantes, c'est la Mairie qui paye !

- Justement en tant que prestataire des Mairies, je suis responsable du bon usage des deniers publics.

- T'es responsable de rien, t'as juste envie d'aller faire la foire avec tes potes, et pour ton plaisir ce pauvre chien va souffrir tout le week end.

- Continue sur ce ton et tu vas rentrer à pied.

- Sans ta lumière clignotante qui te rend important, laisse moi rire.

C'est ainsi que le lundi à l'aube blafarde, soit 9 heures du matin, Tranchemiaou, le blaireau, vétérinaire de son état, vit arriver un propriétaire furieux portant dans ses bras son chien récupéré à la fourrière avec une belle fracture.

Tranchemiaou était un blaireau de caractère, le soir même il prit sa plume et coucha sur le papier tout le bien qu'il pensait des services de ramassage des animaux errants, missive qu'il adressa au maître du pays, le Comte en personne.

Lequel Comte fit ce qu'on fait d'ordinaire avec ce genre de courrier : il le mit à la poubelle.

Tranchemiaou était un blaireau obstiné, il attendit un mois, reprit sa plume et coucha sur le papier tout le bien qu'il pensait des services de ramassage des animaux errants et de la légèreté, pour ne pas dire le sans gène, des grands de ce monde, missive qu'il adressa de façon impersonnelle aux services administratifs du Comte.

Je ne sais pourquoi, alors que son nom n'était cité nulle part, le Comte prit la missive pour lui et lui tout seul et fit ce qu'on fait dans ces cas là : intimider l'importun. Mission délicate qu'il confia à son lérot ordinaire : Mentalot.

Courageux, mais pas téméraire, et surtout ayant entendu dire que le blaireau mangeait volontiers du lérot, Mentalot décida d'intimider au téléphone, et par l'intermédiaire d'une tierce personne pour plus de précaution.

La tierce personne reçut cinq sur cinq le message du Comte et s'empressa de tout répéter à Tranchemiaou, qui reprit sa plume et narra ses aventures à tout ce que le monde civilisé comptait de pouvoirs judiciaires.

Le Comte décida de trancher dans le vif, il flanqua un grand coup de bâton à Mentalot pour lui rappeler les bases du pouvoir, puis avisa personnellement Tranchemiaou que pour lui être agréable, il venait de décider la création d'une commission d'enquête sur cette malheureuse affaire.

La commission fut confiée à trois experts vétérinaires, à savoir Mentalot le Lérot, Troisettroisfontdeux le gardien de la fourrière, et Bottentoutche l'adjoint aux chats et aux goélands de notre bonne ville

La commission fit honneur à la mission qui lui était confiée, elle interrogea sans ménagement Mentalot qui déclara, qu'à son avis, le chien lors de son ramassage avait une simple contusion, mais que lui Mentalot ne pouvait être déclaré responsable de qui était arrivé au chien après le ramassage. Troisettroisfontdeux confirma les propos de Mentalot et indiqua, qu'à son avis, à la sortie de la fourrière le chien avait un simple contusion, et que naturellement il ne pouvait être responsable de tout accident survenu entre la fourrière et ce Tranchemiaou de malheur.

La commission formalisa ses travaux dans un rapport dont elle confia la rédaction à Mentalot. Ce rapport,- arriva à une  conclusion imparable : seules deux personnes avaient pu casser la patte de ce chien : son propriétaire ou Tranchemiaou ;

Pour quel motif : le désir de nuire à un honnête travailleur, Mentalot le lérot, et l'appât du gain.

Tout content de ce belle conclusion et pour faire plus sérieux, Mentalot signa : Mentalot le Lérot diplôme de L'Académie Animale  du Vermicelle.

En réalité il fallait lire : Mentalot le Lérot diplômé de L'Académie vétérinaire de Bruxelles. Le reste du rapport était de la même eau, Bottentoutche aurait dû le savoir : on ne confie pas la rédaction d'un rapport à quelqu'un dont le seul bagage est un  certificat de bonne conduite obtenu à la fin du premier trimestre de la petite section de maternelle. A cette époque Mentalot le lérot ne savait pas encore marcher , on le posait dans un coin et il restait là sans bouger, ceci explique sans doute cela.

Quoiqu'il en soit, le rapport fut expédié à Tranchemiaou, qui le fit suivre derechef à qui de droit, une personne totalement dénuée d'humour qui en retourna une copie annotée et commentée au Comte.

Le Comte ordonna : qu'on en finisse !

Tranchemiaou fut donc convié à une réunion intime, où un haut serviteur du Comte lui expliqua les fondements du droit français  : les lois sont faites à Paris pour les Parisiens, en Province s'applique la loi du Comte qui gouverne, juge, punit et éventuellement raccourcit.

A ces arguments un peu abrupts Tranchemiaou tenta d'opposer le Droit, celui qu'on trouve dans les traités rien,  n'y fit.

Il y a quelques siècles déjà un âne subit pour la même raison , le droit du plus fort, un sort peu enviable...

Tranchemiaou s'en sort bien , je l'ai vu hier, il est encore vivant et entier. Nos Comtes sont s'ils devenus moins sanguinaires ou simplement plus sournois ???

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