Lérot corbeau et chats à Boulogne

Le gens sont curieux : ils demandent avec instance le nom du lérot, les autres ne demandent rien : ils savent qui est le lérot ou ils s’en moquent éperdument, c’est bien triste pour l’égo surdimensionné du lérot, mais c’est comme ça.
Si le lérot avait envie que chacun connaisse son nom et surtout le nom et les coordonnées de son entreprise de ramassage de chats, il ne circulerait pas dans une voiture anonyme. Le lérot  aurait fait écrire en grand sur les côtés de sa voiture, le nom de son entreprise , ses coordonnées et son numéro de téléphone, afin que les clients  puissent l’appeler et lui donner du travail et de l’argent ***.
Or le lérot n’a rien de fait de tout ça, il passe devant chez moi dans sa voiture sans nom, parfois il fait demi tour au rond point de coin, pour repasser une nouvelle fois,  et toujours sans me dire bonjour, c’est pas gentil.
Il doit croire que je le reconnais pas, je suis vieux, j’ai mal au dos, je marche plus beaucoup, mais je vois bien , surtout  le lérot. Il faut dire, que le lérot, même la nuit au volant de sa voiture, il est habillé comme un arbre de Noël : une polo fluo orange et jaune avec des bandes jaunes sur les bras et un pantalon bleu avec des bandes fluorescentes au niveau de mollets, il éclaire la nuit le lérot, quand il coure après les chats du Boulonnais.
Le lérot éclaire tellement qu’au début je n’ai vu que lui, et je n’ai pas vu le corbeau, perché à son côté, sur le dossier du siège de la voiture  silencieux dans son costume noir charbon. Ses grands yeux noirs toujours ouverts dans la nuit, le corbeau se tait.
Le corbeau ne parle pas, il écrit beaucoup, tout et n’importe quoi, ce qu’il a entendu, ce qu’il a vu, qu’il a lu, ce qu’il a cru, ce qu’il veut faire croire, ce qu’il a inventé. Le corbeau écrit inlassablement, c’est un drôle d’associé qu’il a là le lérot, à sa place je ne serai pas rassuré.
Le corbeau écrit beaucoup, mais quand je demande à lire les lettres que le corbeau a écrites ou fait écrire sur mon dos, je ne rencontre  que des silences gênés.
Si le corbeau était courageux, il rendrait les publiques toutes les lettres qu’il a écrites ou fait écrire et quitterait son statut de corbeau, mais pour le moment  le corbeau  ne fait rien de tout ça, il se tait.
Je dois aussi la vérité au lérot : les mœurs du corbeau ne sont pas des plus honnêtes surtout vis à vis des lérots. Dans un passé pas si lointain  le corbeau a essayé par trois fois de se débarrasser du lérot. Je l’entends encore me demander de mettre le lérot dehors et de le renvoyer. Un jour le corbeau mangera le lérot.
En attendant je dis au lérot : mon garçon fais attention à toi : ton pire ennemi n’est pas là où tu le crois.

*** Car de l’argent, il en faut, notamment pour payer le carburant, à moins que le lérot ne bénéfice  d’une source gratuite de carburant